A batata precisa de voce : l’histoire d’un espace public vivant au cœur de Sao Paulo

L’histoire de l’insituto a cidade precisa de voce, qui œuvre pour l’activation de l’espace public, commence par celle du largo batata et du projet a batata precisa de voce ( qui signifie batata a besoin de vous). Nous retrouvons Laura Sobral et Quentin sur le fameux Largo de Batata dans le quartier pinheiros de Sao Paulo en fin d’après- midi. La Place est aménagée en divers endroits par des mobiliers en dur et d’autre éphémères.

Nous nous installons sur des chaises pliantes mises à la disposition de tous. Laura et Quentin nous expliquent que l’endroit est stratégique dans la ville. Situé dans le quartier de Pinheiros, le largo est ce qu’on peut appeler un hub desservis par de nombreux bus, métro, et pistes cyclables. Pourtant, pendant longtemps l’espace public a été abandonné. Laura alors étudiante en architecture décide de faire de cet endroit une expérience d’activation d’espace. Formée à l’occupation spontanée en suivant de nombreux mouvements sociaux lors d’occupation d’immeubles vacants dans la ville, elle est persuadée qu’un espace public peut vivre et se construire une histoire par la force des citoyens. Elle commence alors avec un petit groupe d’amis (7 au départ ils sont aujourd’hui une communauté de 12 000 personnes en ligne) à occuper spontanément l’espace. Au début il ne font rien d’autre que s’asseoir, poser des parasols, discuter, boire un verre. La renommée du lieu autrefois vivant et animé dans le quartier active naturellement la curiosité des gens sur l’activité nouvelle qu’il y a sur la place. Ainsi les gens du quartier viennent rapidement et spontanément demander comment ils peuvent s’impliquer et participer aux activités. Des constructions éphémères se mettent en place, ainsi qu’une scène en palette, du mobilier urbain, des jardins partagés autour des arbres plantés par la municipalité. Cette dernière d’ailleurs n’aide pas spécialement le projet mais le l’interdit pas non plus. Tacitement l’occupation des lieux semble être acceptée même si aucune aide n’est allouée à l’équipe.

C’est ainsi que les gens du quartier vont activer l’espace. L’équipe a batata precisa de voce se structure , décide de mettre en place une régularité dans les événements pour que les gens reconnaissent le lieux, que tout un chacun intègre qu’ici ils peuvent retrouver du monde, partager des instants simples ou des activités plus spécialisées. Ainsi le largo devient une zone d’autonomie tacitement approuvée par la municipalité et connus par les citoyens. Le square vit, l’espace est réellement commun.

 

L’expérience enrichissante de cette activation citoyenne d’espace pousse une petite équipe a créer l’institut “ A cidade precisa de voce “. L’échelle change ce n’est plus le “square” qui a besoin des citoyens mais la ville.

Pour Laura et Quentin l’expérience du largo de batata mérite une plus ample recherche. Trois objectifs définissent les objectifs de l’institut, qui va passer au statut d’ONG pour avoir une plus grande échelle :

  • Partager les possibilités de management et de gestion des lieux publics et travailler/organiser la relation avec les pouvoirs publics
  • L’aspect Do it yourself or with other
  • Le volet Communication et éducation sur la ville en communicant par un langage moins technique que celui des architectes et professionnelles de la ville

Quentin évoque également son souhait d’établir une méthodologie pour l’activation d’espace public. Des règles comme l’histoire d’un lieu, la rythmique des événements ou la présence de symbole sont selon lui des éléments moteurs de la vie d’un espace commun.

De cet échange enrichissant on retiendra effectivement l’importance des symboles revenus plusieurs fois dans la discussion avec l’exemple des parasols : leur présence sur la place, au début par pure protection du lourd soleil d’été de Sao Paulo, va devenir le symbole de la présence régulière d’une équipe sur les lieux. De même, la scène construite en palette sera vite utilisée spontanément pour mettre en scène l’espace à travers de la musique ou des spectacles !

Une averse nous oblige à plier bagage vers un bar couvert quelques rues plus loin. Sur le chemin Laura nous montre les bars/ snacks présents autour do largo de batata et se félicite que le projet ne les ai pas délogés mais au contraire : “ce sont les mêmes gérants qui occupent les lieux ils ont juste multiplié leur activités !”

Aujourd’hui le square continue de fonctionner, les jardins sont très actifs et la communauté toujours nombreuses. Les activateurs du lieux sont aujourd’hui plus en retrait , d’autre ont pris spontanément le relais. La communauté n’est pas figée toujours changeante et en évolution, mais jamais mourante, à l’image de la ville.

Ici le lien du site de l’institut : https://www.acidadeprecisa.org/

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