mARTadero : longue vie à la culture dans les anciens abattoirs de Cochabamba

Comme souvent désormais nous contactons le centre culturel mARTadero via leur page facebook, après un mois et demi de voyage nous constatons que c’est l’un des moyen le plus efficace pour obtenir des contacts directs sur les projets qui nous intéressent. Le rendez-vous est fixé avec Fernando, l’un des fondateurs du projet vendredi à 15h.

Nous arrivons en traversant à pieds les rues serrées de Cochabamba, courant à chaque passages piétons pour ne pas se faire écraser par des voitures impitoyables et au pouvoir sans limites dans la ville. Sur le chemin nous rencontrons de nombreux tags que nous prenons en photo, leur couleur et leur message nous interpellent, nous comprendrons mieux à mARTadero leur provenance.

Entrée du centre mARTadero depuis la place aménagée

Le centre se repère de loin grâce à la petite place aménagée avec des bancs, des arbres, des mozaïques colorées. Sur le mur principal, une grande fresque représente des visages indigènes.

Dans la cours du monde s’active à repeindre les murs blancs des anciens abattoirs de la ville. Nous attendons  ici Fernando, il arrive à vélo. Nous nous installons dans la cour et commençons l’échange sur cet espace culturel.

Le terme est important pour Fernando. En quechua “espace” se dit “cancha”. Le même terme désigne d’ailleurs les terrains de foot,  espace de loisirs importants dans les quartiers résidentiels. Ainsi mARTadero n’est pas qu’un centre culturel, il est avant tout un espace ouvert à tous. Il insiste également sur le terme de culture. Cette dernière dans le projet doit être entendue au sens large, pas simplement la culture comme art, mais comme mode de vivre. En quelques années, les anciens abattoirs de Cochabamba ce sont donc mués en centre de vie et de formation.

Cette année l’espace culturel fête ses 12 ans, autant d’années oú Fernando et une équipe d’environ 60 personnes ont travaillé sur le lieu, sa réhabilitation, son fonctionnement.

Le lieux est autogéré : une gouvernance horizontale reigne ici, les règles et le fonctionnement se sont mis en place petit à petit. Lors de la visite, Fernando nous montre son fonctionnement. L’immensité du lieu a permis de le découper en différents espaces : ici un café culturel, au centre la salle de spectacle, tout autour des salles destinées à des formations, à la sensibilisation artistique, à l’écriture, à la danse, au théâtre, l’association Kuska ( une association de femme qui interviennent artistiquement sur l’espace public- cf le passage San Sebastian) a également posé ses valises ici. L’un des étages du bâtiment est dédié à l’accueil d’artistes en résidence.

Atelier du collectif Kuska

La philosophie de l’espace culturel est d’utiliser l’art comme un mécanisme de dynamisation du patrimoine. Fière du projet réalisé, Fernando nous explique les principes fondateurs de mARTadero : innover, investir, expérimenter. Le lieu se veut intégral et ouvert à tous. Parfaitement intégré dans le quartier, le centre a su devenir un point d’articulation de la ville par la mise en valeur de la culture et l’apprentissage pour tous.

La transformation sociale est un processus progressif et collectif, si hier las héroïnes,  les femmes de la colline de Coronilla, défendaient la ville, aujourd’hui elles continuent de travailler pour changer la société.

Le rôle d’un lieux comme mARTadero est un peu celui d’un incubateur pour la construction du “Bien vivre”, un concept andin qu’Evo Morales a intégré dans la constitution bolivienne en 2009.

Si le centre à aujourd’hui fait ses preuves et est devenue un point de résistance important à l’échelle de la ville. Fernando insiste sur le processus long qui les a mené jusqu’ici et l’importance de donner du temps et du fonds aux choses. Aussi il nous présente un autre projet auquel il prends part : TAU ( Taller de acupuntura urbana) qui signifie Atelier d’Acupuncture Urbaine et qui distille des petits projets d’aménagements urbains à travers Cochabamba pour le bien être de ses habitants. Le passage Saint Raphaël, où l’on retrouve les portraits de femmes en mozaïques, en est un exemple.

C’est pour lui à cette échelle locale que la citoyenneté peut réellement se développer. Cela n’est pas sans rappeler le mythe de l’effet papillon dont un battement d’aile au Mexique déclencherait une tornade au Texas. Ou encore cette légende amérindienne racontant les quelques gouttes d’eau que le colibris s’active à aller chercher pour éteindre un incendie de forêt, afin “de faire sa part” du projet, à son échelle.

 

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